Célibat géographique et confinement

La crise sanitaire actuelle impose aux expatriés la difficile épreuve de subir le confinement depuis l’étranger. Mais, qu’en est-il de ceux qui affrontent conjointement célibat géographique et confinement ? Les difficultés s’accroissent et appellent une écoute spécialisée.

Éloignement géographique et confinement

L’équation célibat géographique et confinement sonne un peu comme une double peine. Elle est imposée pourtant par la crise sanitaire actuelle à des couples, dont l’éloignement n’est plus seulement soumis à des contraintes professionnelles, mais aussi au bon vouloir d’un virus, qui fait se fermer les frontières et prohibe les contacts entre les êtres humains.

La situation est indubitablement mal vécue par la majorité d’entre eux, qui aimeraient jouir d’un statut particulier les autorisant à rejoindre leur famille. La situation des célibataires géographiques rejoint en cela la situation de tous les personnels en détachement aujourd’hui, auquel l’État français interdit légalement d’utiliser le « motif familial  impérieux » pour se réunir. L’équilibre familial des individus est ainsi fragilisé, car ces temps de retrouvailles sont indispensables pour souder des foyers plus exposés que les autres aux risques de crise et d’éclatement.

Éloignement géographique et confinement empêchent, en effet, le noyau familial de se reconstituer pour faire bloc ensemble contre l’adversité. Or, en ces temps de crise, ce noyau démontre toute son importance. Recentré au niveau du foyer, réinvesti comme un nid ou une coque protectrice, il permet aux individus de lutter contre la menace extérieure. L’engouement actuel des Français pour le bricolage et la maison, témoigne bien de ce besoin de refuge et de fortifier ses défenses. Malheureusement, l’éloignement géographique ne permet pas de se sécuriser ainsi, auprès des siens.

Éloignement géographique et confinement n’aident pas non plus à supporter les difficultés de cette période délicate, par le fait qu’ils accroissent le clivage qui s’installe insidieusement chez les couples séparés au niveau géographique. La manière de voir la crise et de la gérer différant d’un pays à un autre, il peut être plus difficile de communiquer, de comprendre les besoins de l’autre, dont la perspective devient de plus en plus difficile à saisir.
Il faut le rappeler : le célibat géographique se vit dans la séparation pour l’expatrié, qui dissocie sa vie professionnelle qu’il construit seul, de sa vie affective et familiale. Le conjoint resté au pays, lui, voit le poids du quotidien considérablement s’alourdir sans réelle contrepartie.

Enfin, un éloignement géographique ajouté à un confinement implique une perte de contrôle de la situation pour le couple. Le cadre temporel des retrouvailles ponctuelles, constitué des repères qui lui permettent de « tenir » grâce à la fixation de limites et d’échéances, est totalement désorganisé. Le couple du célibataire géographique brusquement, ne maîtrise plus l’éloignement, en ne sachant plus précisément quand et comment il va se revoir. Le trouble est particulièrement palpable chez les couples séparés à cause du virus, qui avaient prévu de se retrouver dans un pays qui leur referme ses frontières au nez au dernier moment. Situation inédite et insolite pour les expatriés, pour qui la mobilité n’a pas l’habitude d’être un frein.

Affronter ce contexte

L’éloignement géographique va donc, sans surprise, accroître les risques de perturbations psychologiques propres au contexte du confinement.

La machine à générer de l’anxiété qu’est le confinement peut s’emballer, alimentée par les facteurs affectifs. Sentir l’autre toujours plus loin, peut renforcer l’impuissance que l’on ressent lors de cette période, impuissance qui se traduit en troubles anxieux et en dépression.
Le mal-être peut venir de celui qui peine à supporter la situation au pays, ou de l’autre qui, absent, va ressentir une culpabilité qui va le gêner dans son quotidien. De plus, chacun est confronté à ses peurs personnelles lors de cette période inédite, la peur de la mort en particulier, qui rejaillit avec celle de la maladie.
L’incertitude sans la présence rassurante de l’autre, peut aussi provoquer une surconsommation de médias mainstream « pour se rassurer ». Surconsommation contre-productive, bien sûr, qui risque d’accroître l’anxiété.

Chaque couple soumis à l’éloignement géographique va lutter à sa façon contre cet éloignement non voulu et anxiogène.
Ceux qui ont trouvé leur équilibre et sont parvenus chacun à développer parallèlement une autonomie vont renforcer leurs contacts, et comprendre l’importance de se souder. L’enjeu étant de se soutenir mutuellement à distance pour arriver à trouver ensemble la patience de traverser cette période. Pour certains, le moment pourra même être propice pour réfléchir au sens de la séparation pour, peut-être, la repenser dans l’avenir.
Pour ceux par contre qui peinent à supporter l’éloignement, l’épreuve du confinement risque malheureusement de rajouter une solitude à une autre et de fragiliser la relation. L’incertitude et l’anxiété vécues au quotidien risquent d’entamer grandement leurs ressources.

Vous n’arrivez pas à trouver votre équilibre en situation de célibat géographique ? Ou vous vivez loin d’un conjoint parti en détachement et cette situation vous pèse ? Ne restez pas seul avec vos questionnements, un professionnel peut vous aider. Pascal Couderc, psychologue pour expatrié, vous accompagne dans ces passages délicats.

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